21 octobre 2015

Les écrans, miroirs de l'âme


   Les écrans sont aujourd'hui omniprésents. Ils nous entourent, nous captivent, attirent notre attention où que nous allions, où que nous nous trouvions, où que nous regardions. Ils dirigent nos vies, comblent nos existences, régissent nos émotions. Aujourd'hui, rares sont les regards qui contemplent les visages autour d'eux, le ciel qui les surplombe, les feuilles des arbres agitées par le vent. Bienheureux sont les politiques et leurs acolytes, ces charlatans du XXI° siècle. Les yeux rivés sur sa petite boîte à merveilles, l'homme moderne oublie le monde qui l'entoure et, aveugle, poursuit sa course sisyphéenne au cœur de la jungle sociétale. Devenu incapable de rêver, il est fasciné par ce succédané de magie qu'est la technologie. La télévision, le portable, la tablette, l'ordinateur, comme des récompenses bien méritées, lui ôtent les ennuis de la réflexion et l'hypnotisent le temps d'un jeu, d'une émission, d'un téléfilm. Chez lui ou dehors, l'homme moderne semble chercher un exutoire à sa solitude, une compagnie virtuelle, une occupation stérile. Il veut être « connecté », mais connecté à quoi ? Au troupeau populaire sans doute. Il veut appartenir à un groupe, cherche une reconnaissance sociale. Or, pour être accepté, il faut paraître dynamique, avoir sans cesse l'air occupé, affairé, empressé. Il faut être actif. L'oisiveté – ou prendre le temps de vivre – engendre la culpabilité. Rester sans rien faire pèse désormais sur la conscience. L'homme moderne n'a plus le temps de réfléchir, de contempler les petits riens de l'existence, de se poser et de prendre du recul sur les choses. Il faut trouver un emploi avant d'être montré du doigt ou de finir à la rue. Et les rares moments où l'on ne se presse pas, on repose son esprit, on le met en veille et on laisse les écrans s'animer à notre place. Dès l'enfance, l'on nous pousse à savoir le métier auquel on doit être destiné. Mais, alors que l'on ne nous laisse pas le temps d'apprendre à nous connaître nous-mêmes, toujours assaillis par des devoirs et des contraintes diverses, comment pouvons-nous savoir ce qui nous correspond ? La quête de soi peut prendre toute une vie. Il est essentiel d'apprendre à se connaître pour évoluer, s'épanouir et accéder ainsi à une forme de bonheur, de plénitude. Mais dans une société déshumanisante telle que la nôtre où l'art et les sciences humaines s'éteignent peu à peu, est-il encore possible de trouver sa voie ? Plutôt que d'être asservis à la technologie, pourquoi ne la mettons-nous pas à notre service afin de préserver cette liberté fondamentale, le droit de vivre et de s'épanouir ?

   Aujourd'hui, la vie d'un homme se résume à un quotidien aliénant, se répétant inlassablement chaque jour. Dans nos sociétés modernes, nous courons sans cesse pour ne pas être en retard au travail, pour remplir notre devoir de citoyen, pour satisfaire le plus de personnes possibles, pour ne jamais décevoir quiconque. N'est-ce pas insensé ? Le monde va de plus en plus vite, comme s'il voulait accélérer sa chute. Nous courons, nous courons, mais c'est le même destin qui nous attend tous. À quoi bon se dépêcher si c'est pour passer à côté des plus belles choses qui font que la vie vaut la peine d'être vécue ? Quel intérêt avons-nous à courir pour passer nos journées entières dans un bureau, assis derrière un ordinateur, pour générer du profit qui ne nous profitera pas ? Quel intérêt avons-nous à courir pour passer la moitié de notre temps dans des transports en commun à l'allure de cercueils ambulants ? Quel intérêt avons-nous à courir pour gagner un infime salaire et quelque congé éphémère ? Enfin, quel intérêt avons-nous à vivre comme les ombres de nous-mêmes ? Nous pouvions construire un paradis terrestre et nous avons créé l'enfer, nous condamnant nous-mêmes à errer tels des fantômes qui n'ont même pas conscience de l'être au milieu de cette triste existence. Alors nous vivons par procuration. Les émissions de télé-réalité ont une fonction cathartique pour le téléspectateur. Les émotions y sont exacerbées et les situations dramatisées. Une atmosphère tragique émane des plateaux télévisés où la simple réponse à une question, le choix d'un prétendant, la façon de cuisiner un plat semblent devenir des problématiques d'ordre vital. Et quand il s'agit de montrer la guerre, la mort, le sort malheureux de certaines personnes, cela fait l'objet d'un spectacle monstrueux qui permet au téléspectateur d'être soulagé quant à ses propres conditions de vie.

   Si la vie de l'homme moderne n'a rien d'exaltant du fait de cette existence insipide, il va cependant se mettre en scène pour ainsi se convaincre, se donner l'illusion qu'il vainc l'ennui et la vacuité de ses journées toutes identiques. Sur le marché du travail et par extension sur le marché social, l'individu cède à la prostitution. Tout devient prétexte à se vendre, à parler de soi, à valoriser ses compétences, son physique. Il y a la prostitution médiatique qui offrent aux personnes passant à la télévision ou faisant « le buzz » sur Internet d'intéressantes perspectives quant à l'effet que produira leur image par la suite. Il y a la prostitution sur le marché de l'emploi où la vente de soi s'opère par le biais d'ineptes curriculum vitae et entretiens d'embauche qui encouragent le mensonge et l'hypocrisie. Enfin, il y a la prostitution sociale qui sous-tend une volonté d'être admis au sein d'une communauté et qui fleurit sur la toile grâce aux réseaux sociaux. Le culte de soi, la mise en scène de sa propre existence sont révélateurs d'un narcissisme indécent et risible. Dorénavant, l'on cultive son image et non son esprit. Les écrans deviennent le reflet de notre égocentrisme.

   Même éteint, l'écran se fait le miroir de nos âmes déchues ; l'esprit mort de l'homme moderne semble se refléter dans le noir abyssal qui lui fait face.  



Marine M.

5 commentaires:

  1. Je suis pas sur que tu va te faire des amis en traitant pierre paul & jacqueline de prostituée... bon moi sa me plait, encore une fois voila un état des lieux lucide et sans concession! mes respects :D

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  2. J'adore c'est du lourd, la vérité a du mal à être regardée.

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  3. Vous transformez mes pensées en mots. Je suis bien heureuse d'être tombée sur ce blog à ses débuts et j'ai hâte de lire ce qui arrivera ensuite.
    Merci.

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  4. (Je m'excuse a l'avance pour mon français, je ne suis pas français).

    Pour comprendre la vie, il faut se poser plusieurs questions.
    Qui a créer la vie ? Qui a créer l’être humain ? dans quel but ?

    remarquez une chose ! nous sommes en 2015 ! l’être humain continue d'utiliser les matières qu'il trouve sur la planète, mais il n'a jamais réussi a créer lui même cette matière ! l'humain utilise du sable pour construire une maison ! mais l'humain ne crée pas le sable ! il n'y a aucune matière dans ce monde qui permet de recréer le monde !

    Je m'explique: dans un jeu vidéo, le personnage évolue dans le jeu avec ce que le jeu lui même lui fournit, il ne peut pas faire autrement. La matière ou le programme avec qui on a créer ce jeu la se trouve ailleurs ! et celui qui a créer ce jeu se trouve aussi ailleurs ! sans entrer trop dans les détails, je pense que l'idée est claire.

    maintenant, pourquoi le créateur s'amuse a créer un monde comme le notre et dans quel but ?

    (Ps: je ne parle d'aucune religion, j'essaye de voir les choses logiquement)

    ma réponse est : je vous laisse réfléchir !

    la réponse se trouve autour de nous, mais nous sommes aveugle !

    Aujourd'hui beaucoup de choses nous empêchent de voir le monde en profondeur ! comprendre son origine ! on est trop occupé avec ce que l’être humain crée a partir des choses dont on ne connait pas l'origine.

    Lorsque on comprendra l'origine du monde, on comprendra notre rôle dans ce monde.

    Avec les théories : Le monde qui vient de nul part ! , le monde qui vient de rien ! l’être humain se sent perdu ! (il ne sait pas pourquoi il est la !).

    celui qui ne connait pas son origine ! il ne sait pas ou il va aller !

    (^_^)





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    1. Il est, en effet, primordial que l'Homme s'intéresse à ce qui l'entoure afin d'apprendre à se connaître lui-même et à connaître le monde dans lequel il évolue. Selon Hermann Hesse, grand écrivain allemand, l'observation de la nature nous permet de nous construire et de comprendre bien plus de choses que n'importe quel dogme ou manuel. Or, l'Homme, aveuglé par sa quête de pouvoir et son orgueil, détruit ce dont il fait pourtant partie alors qu'il devrait rester humble et respecter cet ensemble naturel qui nous régit.

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