« J'accuse »
Nous
sommes entrés dans une nouvelle ère obscurantiste que les médias,
la télévision, la publicité, le divertissement, les politiques
tendent à promouvoir et à renforcer. Nous sommes entrés dans l'ère
de l'illusion, du bonheur illusoire. Le monde autour de nous est
empli de paradoxes et de contradictions. Avec l'avènement des
réseaux sociaux et des outils ultra-connectés, nous sommes pourtant
de plus en plus retranchés dans la solitude, nous devenons de plus
en plus individualistes. Nous avons besoin d'Internet, des
applications sur smartphone pour séduire, communiquer, établir des
liens avec les autres. Ce sont des regards fuyants et timides qui se
croisent furtivement dans le métro à l'heure de
l'hyper-communication et de l'interactivité universelle. Alors que
nous sommes inondés d'informations à longueur de journée et que
nous avons librement accès à la culture, notre société décline
progressivement : nous nous complaisons dans la médiocrité,
nous ne savons plus nous exprimer, nous nous intéressons à des
frivolités et des banalités quotidiennes, nous nous laissons aller
au voyeurisme en nous nourrissant de télé-réalité et d'images
impudentes. Depuis la seconde guerre mondiale, nous avons revendiqué
la transparence de l'information. Mais quelle information ? Car
c'est bien un flot de non-information qui submerge les écrans de
télévision et les journaux populaires. Combler le vide par le vide
est devenu une stratégie de manipulation efficace, car cela permet
d'éloigner les citoyens des préoccupations importantes et des
problèmes sociétaux. Tandis que la Terre vit désormais sur ses
réserves, nous continuons de penser à notre confort personnel et à
consommer plus que nous ne devrions. Nous encourageons le sport et le
business qui l'accompagne tandis que des lois restreignant nos
libertés et nos droits sont votées et appliquées.
La
démocratie est morte, mais elle continue d'être maintenue de façon
apparente afin de rassurer le peuple et de conforter son rôle au
sein du système. Nous votons pour des personnes qu'on a choisies
pour nous et nous n'avons jamais le droit d'exprimer nos opinions par
le biais de référendums. Car c'est un système ploutocratique, une
oligarchie discrète, un fascisme déguisé qui se sont mis en place
progressivement ces dernières années, et ce à l'insu de tous. Il
est temps de couper les ficelles qui animent nos pantins politiques
et de récupérer le pouvoir qui nous a été dérobé par les
véritables dirigeants : les banques, les industriels, les
multinationales. Ce sont eux qui ont pris le contrôle de nos
sociétés et qui nous volent notre liberté en instaurant une
nouvelle forme d'esclavagisme. Car oui, nous sommes devenus des
esclaves. Contrairement aux esclaves qui peuplent notre imaginaire
collectif, nous nous croyons libres, nous nous croyons heureux, car
les maîtres qui nous asservissent contrôlent nos esprits et nous
conditionnent, dès l'école, à aimer notre servitude. Combien de
fois les médias évoquent-ils les bienfaits du travail ? C'est
grâce au travail que l'individu peut s'épanouir socialement et
personnellement. Ce concept, devenu un leitmotiv au sein de la
société exprimé de façon subliminale à l'école, puis relayé
par les médias et l'opinion publique, contribue à l'endoctrinement
social. Nous ne travaillons pas pour nous, mais pour des puissances
omnipotentes qui puisent leur confort et leurs richesses dans notre
énergie et notre temps. Nous passons plus de la moitié de nos
journées au travail en croyant que cela accroît notre bien-être.
Or, cela nous éloigne de nos proches, des loisirs, des plaisirs de
l'existence, de la culture, du savoir, du bonheur. Épuisés par les
transports et la concentration que requiert un emploi, le salarié ne
songe qu'à se vider l'esprit en rentrant chez lui, à se plonger
dans des divertissements absurdes qui font plus appel à son
émotivité qu'à sa réflexion et qui lui font oublier sa condition.
Satisfait par sa stabilité sociale, il n'ambitionne pas un statut ou
un confort plus grand et ne craint pas de descendre l'échelle
sociétale. Il se complaît ainsi dans une stagnation domestique
susceptible de geler son esprit et son sens critique tandis qu'un
avenir sombre se dessine autour de lui. La régression
intellectuelle, le culte de l'ignorance sont à bannir de nos modes
de vie modernes. Nous nous devons, au moins par orgueil, de préserver
ce qui fait de nous des êtres humains : la spiritualité et
l'éveil de la conscience. Rejetons la pensée unique et commençons
à réfléchir sur nous-mêmes, sur ce que nous désirons réellement.
Posons-nous les bonnes questions : sommes-nous heureux ou
avons-nous décider de l'être – ou plutôt de faire semblant de
l'être – parce qu'être malheureux est inconcevable dans une
société qui prône le bien-être, le dynamisme, la jouissance ?
Une autre société n'est-elle pas possible ? Sommes-nous
condamnés à accepter le capitalisme ? Pourquoi ne
pourrions-nous prétendre à une existence plus paisible, d'où la
prééminence du travail serait exclue ? Sommes-nous
véritablement libres dans ces villes de plus en plus surveillées,
de plus en plus contrôlées ?
Big
Brother n'est plus très loin. Il se rapproche avec détermination,
prêt à s'emparer des âmes des citoyens aveugles. La Loi relative
au Renseignement permettant une surveillance massive des Français va
entrer en vigueur. Le droit à la vie privée ne deviendra plus qu'un
souvenir vague et les individus seront espionnés sans le savoir. Les
critères permettant de repérer un éventuel suspect étant tenus
secrets, des dérives judiciaires pourront être commises en toute
légalité. La sécurité est devenue un prétexte servant le
contrôle de la population. La peur du terrorisme permet la mise en
application d'une surveillance exacerbée et superfétatoire, sachant
que les tueurs islamistes qui sont passés à l'acte étaient déjà
fichés et repérés. Cela pose une question troublante : les
actions terroristes sont-elles une aubaine pour les dirigeants
puisqu'elles accélèrent le processus de contrôle des masses ?
Dans un climat de crainte et d'inquiétude, l'abrogation des libertés
et des droits fondamentaux se fait plus facilement puisqu'il s'agit
de le faire « pour le bien des citoyens ». L'utilisation
d'un vocabulaire choisi permet d'ailleurs d'endormir le peuple, de le
rassurer quant aux intentions réelles qui menacent sa vie au sein de
la communauté. Le terme de « renseignement » qui se veut
neutre, sans connotation malsaine, est moins violent que le terme de
« contrôle », plus austère, plus arbitraire. Or, le
renseignement, c'est-à-dire la connaissance, le savoir, la mainmise
sur les informations, favorise forcément le contrôle et le pouvoir.
Un Etat qui sait tout de ses citoyens, ses habitudes, ses goûts, ses
loisirs, peut agir en conséquence et utiliser cette connaissance
dans le but de servir ses propres intérêts. Sur le long terme, une
fois la loi adoptée et assimilée, il ne s'agira plus nécessairement
de prévenir une quelconque menace terroriste. Tout individu
soupçonné d'être une menace contre le système en place pourra
être repéré et arrêté. Il faudra donc se fondre dans la masse,
devenir le pantin d'un théâtre arbitraire, faire attention à
chacun des mots que l'on prononce, aux sites que l'on visite. Il
faudra accepter d'être une ombre, une fourmi invisible, car penser
par soi-même pourra bien devenir un crime, une menace dangereuse à
l'encontre de la stabilité sociale.
Julie M.
Excellent article. Cela résume parfaitement le monde dans lequel nous vivons actuellement. Bon courage pour la suite, j'ai hâte de lire tes prochains articles.
RépondreSupprimerbravo et merci les éléments du texte de julie parlent . il y a plein de bonnes notions. Actuellement la justice du prolétariat diminue , la justice en général , 2 choses à l'intérieur même de notre démocratie se cache une dictature les entreprises privées qui applique le code du travail quand ces écrits et petit 2 L'Orgueil
SupprimerL'Avarice
L'Envie
La Colère
La Luxure
La Paresse
La Gourmandise
prennent un peu plus de terrain chaque jour dans notre quotidien, c'est l’intérêt qu'on cherche chez l'autre. j'ai 30 ans et je ne pense pas vivre de révolution dans notre pays jusque ma mort. trop de drogue circulent pour faire une révolution.
Tout est dit et bien dit. Je viens de relire et revoir "1984" où big brother est tout puissant. Cependant, dans 1984 la dictature est imposé par le haut, alors que maintenant, elle n'a plus besoin que de notre consentement quand chaque jour nous remettons les clefs de notre liberté aux mains de personnes non-élu (commission européenne, représentant des interccommunalité), ou à chaque fois que nous nous servons d'internet aveuglément. La Boétie l'avait flairé dans sa servitude volontaire, mais nous n'avons plus l'excuse de l'ignorance !
RépondreSupprimerMagnifique texte que je relaie.
Bonjour chez vous...
Je te remercie. Je suis justement en train de lire 1984 dans lequel on retrouve pas mal d'éléments contemporains. J'ai également lu la ferme des animaux qui est facilement transposable à notre époque. Il s'agit toujours des mêmes cochons... Toutefois, je suis d'accord, le danger aujourd'hui vient du fait que c'est le peuple lui-même qui semble accepter le joug de ces nouveaux dirigeants invisibles qui se sont octroyés le pouvoir. Or, l'ignorance, en effet, n'est plus une excuse. Et les gens sont pourtant prêts à voter pour des représentants dont la malhonnêteté est avérée. La Boetie avait bien cerné l'étrange comportement des masses... Même si les gens sont au courant de la tournure malsaine que prend la situation actuelle, ils acceptent l'austérité car cela les arrange que l'on prenne les décisions à leur place. Cela les déresponsabilise en quelque sorte...
SupprimerBonjour à vous,
RépondreSupprimerJe vous invite si cela n'est déjà fait à lire
Le Meilleur des Mondes & Retour au Meilleur des Mondes
de Aldous Huxley qui fut l'enseignant de Orwell.
Et merci à Julie pour cet excellent état des lieux, je te souhaite bien du succès :D
Mustapha Menier
Merci beaucoup :) Quant aux livres, j'ai lu Le Meilleur des Mondes et j'ai adoré. C'est d'ailleurs le Sauvage qui m'a inspiré la fable. Cependant, je n'ai pas lu la suite et je ne savais pas qu'Orwell fût l'enseignant d'Aldous Huxley.
SupprimerAhhh sacrilège!!! ce fut Aldous qui enseigna à Orwell, comment l'inverse eut il été possible... d'ailleurs ce dernier lui envoya son livre 1984.
Supprimerhttps://lejournaldemustaphamenier.wordpress.com/2014/03/12/lettre-daldous-huxley-a-george-orwell/
S'il faut lire un livre de Huxley c'est après le meilleur des mondes, "l'ile" son livre testament riche d'enseignement.
Ah oui effectivement, petite erreur d'inattention ! J'ai écrit l'inverse sans faire exprès ^^ Et merci pour ce conseil de lecture :)
Supprimer"Soyez résolus à ne point servir, et vous voilà libre"...Ok, cela est bien beau ,mais comment faire quand on est tributaire de sa feuille de paye pour survivre ?
RépondreSupprimerUn homme seul ne peut rien, sinon "fuir" comme le suggérait l'oublié Henri Laborit, mais fermer la télé ne changera pas le monde.
Certes, seul, on ne peut rien. Cependant, il est important que chacun prenne conscience du monde qui se dessine autour de nous. La réflexion engendre l'action et les mots peuvent être une arme puissante. Alors bien sûr, on est tributaire de sa feuille de paye, mais on le restera certainement si l'on est fataliste et si le peuple demeure passif...
SupprimerMerci de m'avoir répondu.Pour ma part je sens sourdre dans la population une colère qui, progressivement,s'affirme,malgré ce fameux réflexe d'inhibition de l'action qui nous est inculqué depuis la prime enfance. Certains en font un "burn out" (ce qui a été mon cas),mais d'autres, au lieu d'imploser,explosent (cf Air France)...je crains fort que l'avenir soit violent..Mais peut être que l'humanité doit passer par le pire pour obtenir le meilleur.
SupprimerBien cordialement.
Bonjour. Merci beaucoup pour cet article. Tu as su exprimer clairement ce que je voulais coucher sur le papier de manière maladroite. Je dirai une seule idée supplémentaire à méditer pour ceux qui estiment que l'on ne peut rien faire individuellement et qu'il est plus simple de laisser faire : "Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux" Benjamin Franklin. Cordialement.
SupprimerBonjour,
SupprimerMerci en premier lieu pour cet excellent article.
Comme début de réponse à 9depack, je te propose de lire le livre de Ramit Sethi, "I Will Teach You To Be Rich". En résumé, il explique comment peut-on devenir rentier en 5 ans avec un salaire normal et en abandonnant tout le luxe inutile que la société de consommation nous fait passer pour indispensable.
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RépondreSupprimerTu regroupe dans tes textes ma pensée et ça me touche qu'une personne partage mes idées/convictions ( 1984 / meilleur des mondes ne sont qu'une vision de ce qu'allait devenir notre société ....)
du fond du cœur bonne continuation :)
Si 9depack , si on ferme la télé , les choses vont changer ! Trop facile de le dire sans avoir essayer ! Pense à tout le temps de disponible que tu auras pour toi , et imagine le monde ailleurs que devant cette boite à mensonges ! Des économies de taxes tu vas faire et une santé de fer tu vas retrouver ! Puis , la bonne claque aux propriétaires des chaines et animateurs chiens de garde du système que tu vas donner , ces gens qui sans vergogne coupent la parole aux invités (ées) quand ils commencent à parler de choses qui dérangent , et une économie réalisée pour toi chez EDF ! Elle est pas belle la vie ?
RépondreSupprimerExcellent article , Nous devons avoir la même station radio !
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